Rupert Sheldrake: un biologiste qui pourrait changer le monde

Rédigé par JC le — Publié dans Paranormal, Parapsychologie

Il s’appelle Rupert Sheldrake. Il est Britannique. Il a une formation de biologiste, mais ses vues sont très controversées dans le monde scientifique, pour les rares qui daignent lui adresser la parole ou lui donner de l’importance en parlant de lui, même – et surtout – en mal. L’éditeur de la revue Nature, Sir John Maddox, a écrit à propos de son premier livre A New Science of Life qu’il était «le meilleur candidat pour être brûlé qu’on ait vu depuis plusieurs années». En 1994, lors d’une entrevue à la BBC, Sir Maddox affirma «Rupert Sheldrake propose de la magie plutôt que de la science et elle peut être condamnée avec les termes précis que le pape a utilisé pour condamner Galilée et pour la même raison; c’est de l’hérésie».


Il a publié un livre qui s’intitule Sept expériences qui peuvent changer le monde (à mon avis on aurait plutôt dû traduire le titre par «Sept expériences qui pourraient changer le monde», le titre original étant Seven Experiments That Could Change the World). Et le sous-titre est A Do-It-Yourself Guide to Revolutionary Science, c’est-à-dire quelque chose comme «Un guide pratique pour une science révolutionnaire», car certaines des expériences qu’il propose peuvent être réalisées à la maison, presque sans équipement. Voici les sujets dont il propose l’étude dans ce livre (sa formation de biologiste ressort dans les trois premières):

  • Les animaux domestiques qui sentent le retour de leur maître,
  • Le sens de l’orientation des pigeons,
  • L’organisation des termites,
  • La sensation d’être observé,
  • Les membres «fantômes» ressentis après amputation,
  • La variabilité des constantes fondamentales de l’univers et
  • Les effets des attentes des expérimentateurs.

Pour l’instant, abordons la sensation d’être observé. Qui n’a jamais fait l’expérience de se sentir observé par derrière et de se retourner pour constater que quelqu’un le regardait fixement? C’est très commun, presque tout le monde peut se souvenir d’expériences de ce genre en y pensant un peu. Mais avant Sheldrake, bien peu de gens avaient pensé tester scientifiquement l’hypothèse qu’on puisse détecter ces regards. Peu, mais néanmoins quelques-uns. Voici un extrait d’une traduction d’un article de Sheldrake, The Sense Of Being Stared At: Experiments In Schools, Journal of the Society for Psychical Research 62, 311-323, 1998:

Mais en dépit de son caractère familier, il y a eu très peu de recherche sur ce sujet; moins d’une douzaine d’expériences ont été menées au cours des 100 dernières années, ceci en incluant certaines recherches de thèses d’étudiants qui n’ont jamais été publiées. Les deux premiers rapports, par Titchener (1898) et Coover (1913), étaient négatifs. Ces deux chercheurs étaient des sceptiques. Titchener, un des fondateurs de la psychologie expérimentale aux États-Unis, a mené des expériences dans lesquelles il était le sujet qui observait. Ses sujets étaient des étudiants qui prétendaient qu’ils pouvaient parfois sentir qu’on les regardait. Il n’a pas divulgué les détails de ces expériences à part le fait qu’elles étaient négatives, ce qui confirmait pleinement ses attentes.(…)

Le projet d’étudiant suivant, par Williams (1983) à l’Université d’Adélaïde en Australie, a démontré un effet statistiquement significatif alors que les observateurs et les sujets étaient dans des pièces différentes. Le sujet était observé à travers un circuit fermé de télévision. Presque toutes les études publiées subséquemment comprenaient un circuit fermé de télévision, avec l’ajout que les sujets ne devaient même pas dire s’ils se sentaient observés ou pas. Des électrodes étaient attachées aux doigts des sujets et la réponse électrodermale de leur peau était enregistrée automatiquement, quand le sujet était observé à travers un circuit fermé de télévision aussi bien que dans des périodes de contrôle intercalées. Comme dans les tests de détecteur de mensonges, c’est un moyen simple de surveiller les réponses du système nerveux autonome.Le fait de regarder ou pas des sujets a-t-il une influence significative sur leurs réactions inconscientes? Dans la plupart des recherches, ces expériences ont donné des résultats positifs significatifs (Braud, Shafer et Andrews 1990, 1993a, 1993b; Schlitz et LaBerge, 1994). Dans une autre étude, il y avait une tendance vers des résultats positifs, mais ils n’étaient pas statistiquement significatifs (Howat, Delanoy et Morris, 1994). Wiseman et Smith (1994) ont trouvé un effet positif significatif, mais ils ont conclu qu’il pourrait s’agir d’un artefact.

Voici la méthodologie expérimentale de base proposée par Sheldrake. Les gens travaillent en paires, un (le sujet) s’assoit dos à l’autre (l’observateur). La distance entre eux est d’au moins 2 mètres. Il est important de choisir un lieu où il n’y a pas de surfaces réfléchissantes (tel que miroirs ou fenêtres), car cela permettrait au sujet de voir l’observateur. L’observateur est muni d’une feuille pour noter les réponses, un stylo ou un crayon, une pièce de monnaie et, dans certains cas, un dispositif pour produire un son mécaniquement (afin de faire savoir au sujet passif que l’essai est fini sans avoir à lui parler et ainsi risquer ainsi de lui donner des informations de manière inconsciente). Dans une série d’essais aléatoires, l’observateur regarde l’arrière du cou du sujet ou regarde ailleurs en pensant à autre chose. La séquence aléatoire est déterminée par l’observateur en lançant une pièce de monnaie avant chaque essai: «face» signifie «regarder» et «pile» «ne pas regarder». L’observateur indique le début d’un essai au sujet par un déclic ou un «bip» et le sujet devine alors s’il est observé ou pas.

Il faut avouer que même si elle demande plus d’équipement, l’expérience qui est réalisée avec un circuit fermé de télévision et des appareils pour mesurer les réactions reliées au système nerveux autonome est nettement plus convaincante, quoique l’interprétation des graphes des réactions physiologiques des sujets amène peut-être un peu de subjectivité puisqu’il faut une certaine «interprétation».

Étant donné qu’il y a des résultats qui semblent pouvoir être répétés lors de la vérification par d’autres équipes, une condition essentielle pour la science, comment se fait-il que ce type d’expériences ne soit pas plus souvent répété et raffiné par de nombreuses autres expériences? Pourquoi ne leur accorde-t-on pas plus de financement? Avec cette question, nous touchons à un gros problème relié à la science: les scientifiques eux-mêmes. Les scientifiques n’osent pas prendre part à ce genre d’expériences qui, selon la mentalité de la communauté, relève de la superstition et du folklore. Quel scientifique de renom oserait mettre en jeu sa carrière en signant un article sur un sujet dont toute la communauté «connaît» les résultats sans même avoir appliqué la méthode expérimentale?

Car il ne faut pas se le cacher, même si la méthode scientifique peut être appliquée à bien des expériences, beaucoup de sujets de ce type sont tabous. Mais comment savoir à l’avance les résultats, sans se donner la peine de faire une expérience? Il y a certainement plusieurs éléments de réponse à cette question. D’abord les croyances et convictions en cours dans notre société. Comme tous les phénomènes paranormaux relèvent de la superstition, de la fraude et de la crédulité, pourquoi se donner la peine de les étudier? Ensuite, la recherche scientifique sert surtout à développer des connaissances qui mèneront à la confection de produits qu’on pourra vendre afin de s’enrichir davantage. Il y a un gros signe de dollar attaché à tout et la recherche scientifique n’y fait pas exception.

Mais pensez un peu aux conséquences si ce type d’expérience était reconnu comme étant fondé et qu’il ne puisse être relié à aucun sens ou aucune énergie connus. Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à ce que cela se fasse du jour au lendemain même si une preuve apparemment irréfutable était apportée, car comme le disait Max Planck (oui, celui de la constante et qui a introduit le concept de quanta en physique):

Une nouvelle vérité scientifique ne triomphe pas en convainquant ses opposants et en leur faisant voir la lumière, mais plutôt parce que ses opposants finissent par mourir et qu’une nouvelle génération grandit avec cette vérité.

La reconnaissance d’une nouvelle énergie ou un nouveau sens (ou les deux) jusqu’ici inconnu bouleverserait notre façon de voir les choses et l’univers. Il n’y aurait probablement pas d’argent à faire avec cela, mais l’humanité aurait fait un pas de géant. Je sais bien que beaucoup de gens «croient» à ce genre de choses même si elles ne sont pas scientifiquement prouvées, mais nous sommes une société (et je parle de l’ensemble de la planète) basée sur la science ou plutôt sur les recherches scientifiques acceptées. Tant que les résultats d’une expérience de ce genre n’auront pas été acceptés par la communauté scientifique, le phénomène sera considéré comme de la superstition et du folklore.

Vous aurez sans doute remarqué qu’il y a des éléments circulaires dans ces propos; les scientifiques devraient concevoir et faire des expériences de ce type, mais ils ne les font pas parce que ce n’est pas sérieux et qu’ils connaissent les résultats d’avance… Alors par où commencer? D’abord changer les mentalités; la méthode expérimentale peut s’appliquer à tous les sujets. Il n’y a pas de sujets plus nobles que les autres. Et surtout, on ne peut pas savoir les résultats d’une expérience avant de l’avoir réalisée. La méthode expérimentale et scientifique est la seule qui puisse nous donner des résultats et des connaissances fiables. Pourquoi ne pas s’en servir pour tester sans préjugé des sujets qui pourraient se révéler extraordinaires s’ils étaient vérifiés?

Depuis un certain temps, je suis en train de penser à une classification des phénomènes «paranormaux». Je reviendrai un jour sur ce sujet avec plus de détails, mais il me semble évident que de prouver scientifiquement qu’il existe une énergie autre que celles qu’on connaît à l’heure actuelle serait la preuve d’un premier niveau de ce qui semble aujourd’hui bien improbable pour la science officielle. Je proposerai donc prochainement une classification des «différents niveaux de l’improbable».

Assez de sermons pour aujourd’hui. Nous avons à peine effleuré le sujet de la sensation d’être observé, mais j’aimerais mentionner un autre élément avant d’y revenir prochainement de façon plus détaillée. Il s’agit de l’étude de Wiseman et Schlitz (1997), également tiré d’une traduction de «The Sense Of Being Stared At: Experiments In Schools», Journal of the Society for Psychical Research 62, 311-323, 1998:

Dans une étude récente avec un système de circuit fermé de télévision qui a été menée dans le laboratoire de Wiseman à l’Université de Hertfordshire, Schlitz a obtenu ses résultats positifs habituels alors que Wiseman, un sceptique, a obtenu des résultats non-significatifs (Wiseman et Schlitz, 1997). Les sujets d’un groupe commun ont été associés aléatoirement à un des deux expérimentateurs, qui étaient eux-mêmes les observateurs, et les expériences ont été menées dans des conditions identiques. On peut y voir un effet de l’expérimentateur frappant, peut-être à cause de la transmission d’une attitude positive ou sceptique par les expérimentateurs pendant qu’ils expliquent l’expérience aux sujets avant le début des essais ou à cause d’une efficacité différente des deux expérimentateurs en tant qu’observateur ou les deux.

On voit ici un second phénomène qui semble se superposer au premier, celui des effets des attentes d’un expérimentateur sur les résultats d’une expérience. Il fait d’ailleurs l’objet d’un autre type d’expériences proposées par Sheldrake dans le livre sur les sept expériences. Mentionnons en terminant que Sheldrake reçoit et compile des résultats d’expériences sur la sensation d’être observé qui sont réalisées dans des écoles et autres organismes et que les résultats, pour autant qu’on leur accorde une valeur scientifique, sont extrêmement significatifs du point de vue statistique bien que les chiffres absolus semblent faibles, de l’ordre de 55% de succès ou même un peu moins alors que le simple hasard donnerait un résultat très près de 50% avec un assez grand nombre d’essais.


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4 réponses à “Rupert Sheldrake: un biologiste qui pourrait changer le monde”

  1. une lectrice dit :

    C’est dommage que cet article soit sur un site « paranormal » car ce phénomène est tout ce qui est de plus normal… reste à lui donner une explication, et celle ci est pour le moment paranormale!

    Bon courage pour ces recherches (moi j’ai travaillé sur la confirmation comportementale en collaboration avec un collègue qui fait une thèse sur le biais expérimentateur : merveilleux champ de recherche!)

    Bonne continuation!

  2. JC dit :

    Bonjour lectrice,

    Il ne faut pas vous laisser impressionner par le terme «paranormal»; je l’ai utilisé dans le simple but d’attirer l’attention des gens sur certains sujets qui me semblent importants mais qui sont négligés par les médias.

    Si vous voulez parler plus longuement de vos recherches, je crois que ça pourrait intéresser des gens d’ici (moi le premier ;-) ).

    Merci pour votre visite et bonne continuation à vous aussi!

  3. JF dit :

    Voici une classification des phénomènes paranormaux :
    http://www.cpdp.info

    Cordialement.

  4. zazabobo dit :

    Tous ces phénomènes n’ont rien de paranormaux et suite à des manifestations qui ont traversé ma vie, que je qualifierai d’extraordinaires, je vous invite à consulter le site http://www.inrees.com. Enfin, un Institut de Recherche sur les expériences extraordinaires, soutenu par des scientifiques de tous bords. La rationnalité et le matérialisme de l’homme l’empêchent de voir au-delà des apparences….