Patience dans l’azur (paradoxe de Fermi)

Rédigé par JC le — Publié dans Origines

Dans les années 1960, l’astronome Frank Drake écrivait une équation désormais célèbre permettant une évaluation statistique très approximative du nombre d’éventuelles civilisations intelligentes avec lesquelles nous pourrions entrer en contact. Ces civilisations pourraient se compter par milliers dans la Voie lactée (photo ci-contre par la NASA) si l’on adopte des valeurs raisonnablement optimistes pour les paramètres.

Par contre, le physicien Enrico Fermi s’interrogeait dans les années 1950 : «S’il y a des civilisations extraterrestres, alors où sont-elles? Pourquoi n’avons-nous vu aucune trace d’une vie intelligente extraterrestre, par exemple des sondes, des vaisseaux ou des transmissions?». (J’entends d’ici les cris outrés des partisans de l’hypothèse d’une origine extraterrestre des ovnis. ;-) )

La réponse de Rasmus Bjork de l’Institut Niels Bohr à Copenhague : «Nous n’avons pas encore été contactés par des civilisations extraterrestres simplement parce qu’elles n’ont pas encore eu le temps de nous trouver». Pour soutenir cette affirmation, le physicien danois s’est amusé à faire des simulations par ordinateur dans le but de modéliser une exploration interstellaire dans notre galaxie et publie ses résultats dans un article intitulé Exploring the Galaxy using space probes.

Dans un premier temps, M. Bjork tente d’estimer le temps qui serait pris par une civilisation qui désire explorer à l’aide de sondes une portion de la zone habitable de la Voie lactée (pas trop près du centre, c’est-à-dire entre 3000 et 11 000 parsecs ; 1 parsec = 3,26 années-lumière) contenant 40 000 étoiles qui sont situées à une distance maximale de 300 parsecs de part et d’autre du plan galactique.

Si huit sondes sont lancées de la planète d’origine (à une vitesse très respectable d’un dixième de la vitesse de la lumière, c’est-à-dire environ 30 000 km/s) et qu’elles sont en mesure de lancer chacune huit autres sondes, il faudrait entre 200 000 et 500 000 ans pour explorer ces 40 000 étoiles (la fourchette des valeurs s’explique par les valeurs adoptées pour la distance entre la planète d’origine et le centre de la Voie lactée). Avec quatre sondes au lieu de huit, le temps d’exploration peut dépasser le million d’années.

Rasmus Bjork poursuit avec la simulation de l’exploration d’une partie d’un quadrant de la Voie lactée (le quart de la tarte galactique si vous voulez) qui contient approximativement 3,85% du nombre total d’étoiles. Les chiffres sont évidemment astronomiques ( ;-) ) : avec huit sondes primaires larguant chacune huit autres sondes, il obtient un temps d’exploration de 9,6 milliards d’années (environ les deux tiers de l’âge de l’univers). Avec quatre sondes au lieu de huit, il faudrait plus du double de l’âge actuel de l’univers pour écumer la même zone.

Bref, il est extrêmement peu probable qu’on trouve un jour notre planète avec ce type d’exploration. Et dans ces simulations, on ne tient pas compte du fait que ces sondes hypothétiques devraient être construites pour être fonctionnelles pendant des périodes extraordinairement longues, sans bris ou défaut de fonctionnement. La vitesse des sondes est également très optimiste selon la technologie actuelle, et on ne mentionne pas de moyen de propulsion.

Par contre, on peut toujours imaginer une accélération de l’exploration en augmentant la vitesse et le nombre des sondes, et en présélectionnant les exoplanètes à explorer. Et en poussant un peu plus loin les spéculations, on peut même imaginer l’exploitation de raccourcis du type «trous de ver», dont l’existence est théoriquement possible mais qui n’ont pas encore été détectés. Voilà, vous pouvez soumettre vos plaintes et commentaires en cliquant sur le lien ci-dessous. ;-)

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8 réponses à “Patience dans l’azur (paradoxe de Fermi)”

  1. Dr. Goulu dit :

    Toute civilisation ne peut donc explorer l’espace qu’à l’intérieur d’une sphère qui grossit à la vitesse des sondes. Pendant ce temps, la civilisation tend à croître et à consommer des ressources (énergie, nourriture, espace habitable) selon une fonction exponentielle du temps.

    Il en résulte que tôt ou tard (en seulement 5000 ans pour l’humanité essaimant à la vitesse de la lumière), la croissance de la civilisation est limitée par la fonction cubique du volume d’espace conquis.

    Ce « principe de saturation cubique » explique qu’une civilisation réellement intelligente ne signale pas sa présence à d’éventuels concurrents, qui se révéleront forcément agressifs (ou rebelles lorsque nous serons obligés de conquérir leurs ressources)

    Les ovnis ne sont pas des vaisseaux extra-terrestres, car sinon ils nous auraient pulvérisés sans la moindre hésitation.

  2. Dr. Goulu dit :

    Au fait, que doit faire une sonde qui trouve une planète habitable, mais pas encore occupée par une civilisation intelligente ?
    Elle pourrait stériliser la planète pour que la conquête ultérieure soit plus facile, ou ériger des stèles genre « 2001, l’Odyssée de l’espace » pour marquer son territoire …
    Quoi d’autre ?

  3. Shaa dit :

    Peut-être bien qu’ils s’en foutent de nous…
    Ta façon de voir est trop subjective.
    Ce n’est pas dit que la croissance capitaliste soit une règle dans l’univers.
    Personellement je préfère espérer que d’éventuels E.T. seraient assez évolués pour vivre sur des valeurs et non sur des besoins.
    Exit donc le massacre de races entières pour le controle des ressources.
    D’ailleurs Einstein, d’une certaine manière, le disait: « Il y a 2 choses infinis: l’univers et la bêtise humaine. Encore que pour l’univers, rien ne soit sûr ».
    Les humains sont des êtres inférieurs. Alors qu’ils pourraient être différents. Qu’est ce qui les rends inférieur?
    Le fait qu’ils suivent sans opposer la moindre résistance leurs instincts les plus bas en toute circonstance, même lorsque ce n’est pas du tout necessaire, ou même (comble de la bêtise), lorsque c’est préjudiciable a l’ensemble de l’humanité, et avantageux seulement pour eux même, ou leur petit pays.
    Il faut apprendre aux humains a passer du gouvernement du ventre, au gouvernement de l’intelligence.

  4. mariuss66 dit :

    « M. Bjork tente d’estimer le temps qui serait pris par une civilisation qui désire explorer à l’aide de sondes une portion de la zone habitable de la Voie lactée (…)
    Si huit sondes sont lancées de la planète d’origine (à une vitesse très respectable d’un dixième de la vitesse de la lumière, c’est-à-dire environ 30 000 km/s) et qu’elles sont en mesure de lancer chacune huit autres sondes, il faudrait entre 200 000 et 500 000 ans pour explorer ces 40 000 étoiles  »

    Il reste que de telles sondes seraient d’une technologie primitive comparée aux ovnis, si bien sûr ceux-ci proviennent de mondes lointains.

    Il ne faut pas oublier que nous sommes encore très loin d’avoir atteint les limites du possible avec la technologie. Les lois de la physique indiquent qu’il est impossible de dépasser la vitesse de la lumière, mais on disait la même chose de la vitesse du son il y a 150 ans seulement. Il ne faut pas nécessairement comparer les habitants d’un autre monde avec nous.

    DrGoulu a écrit:
    « Toute civilisation ne peut donc explorer l’espace qu’à l’intérieur d’une sphère qui grossit à la vitesse des sondes. Pendant ce temps, la civilisation tend à croître et à consommer des ressources (énergie, nourriture, espace habitable) selon une fonction exponentielle du temps.

    Il en résulte que tôt ou tard (en seulement 5000 ans pour l’humanité essaimant à la vitesse de la lumière), la croissance de la civilisation est limitée par la fonction cubique du volume d’espace conquis. »

    Si la consommation des ressources tend à croître de façon exponentielle, les ressources elle-mêmes vont également croître de façon exponentielle. Donc, la croissance possible est illimitée! Sans compter qu’il peut être possible, pour une civilisation très avancée, d’avoir des sources d’énergie inaccessibles pour nous, par exemple une sphère de Dyson… (voir: http://fr.wikipedia.org/wiki/Sph%C3%A8re_de_Dyson )

  5. woolfgang dit :

    Bonjour,
    Tant qu’à moi,je crois que les preuves de l’existence de la visite d’êtres exoterrestres sur motre terre sont suffisantes.Les pires aveugles sont ceux qui possèdent la connaissance des sciences de l’univers.Il y a des récits d’éminents personnages qui prouvent que notre terre est visitée par ces êtres venus d’ailleurs et cela sans compter les millions de personnes à travers le monde qui rapportent les dites présences. Ah oui,c’est vrai,ils sont tous fous.

  6. Fontaine dit :

    Toutes ces spéculations font s’éclater de rire sur son trône Dieu pour qui le passé, le présent et l’avenir sont une seule et même chose et connaît le nombre exact d’étoiles et de planètes, ainsi que chacun d’entre nous.Ce Dieu qui s’arrache les cheveux en se désolant de notre désespérante ignorance !

  7. Agnes dit :

    Et après 500 000 ans, les descendants de ceux qui ont lancé les sondes, ils en ont gardé le souvenir? Parce que c’est plus que de l’archéologie qu’il leur faut, à ce niveau. Quel document de suivi de leur expérience peut résister?

    Combien de civilisations, de coups d’état, de changements de vision du monde auront-ils connus?

    Quand j’étais petite, je faisais des signes aux ET avec ma lampe de poche quand je campais… Si la réponse venait un jour (si le soleil ne noyait pas la faible lumière de ma pauvre lampe), je risque de ne pas être là pour la recevoir.

    Mais j’aimerais qu’il y ait des merveilles de races vivantes étranges dans l’univers. Des races comme celles de Vernor Vinge ou plus étranges encore…