Une année de rêves, la suite…

Rédigé par JC le — Publié dans Conscience/rêves

Lors de la rédaction du premier texte, qui fut malheureusement trop rapide, j’ai omis quelques points intéressants sur l’imagerie hypnagogique et le rêve lucide (ou conscient).

Commençons par l’imagerie hypnagogique. Je dois d’abord dire que j’ai été un peu étonné et déçu par la rareté de l’information qu’on peut trouver sur le Web à ce sujet. C’est la raison pour laquelle j’aimerais discuter brièvement de quelques points supplémentaires. D’abord la netteté des images est variable; elles semblent apparaître d’une manière un peu aléatoire en se basant sur des ressemblances qu’on peut trouver dans les taches lumineuses qui se présentent devant les yeux. Enfin, probablement plus ou moins aléatoire; cela rappelle un peu les taches d’encre de Rorschach, un stimulus flou sur lequel on «projette» quelque chose.


Donc ces images sont floues au début du processus d’endormissement et deviennent de plus en plus raffinées et réalistes. Mais encore faut-il rester assez conscient pour s’en rendre compte. Ici, il semble qu’un bruit externe devra nous faire émerger du sommeil partiel pour qu’on puisse réellement voir les images et s’en souvenir le lendemain. À ce moment, on remarquera un phénomène assez étonnant; l’image restera «imprégné devant les yeux» à la manière d’un phosphène, c’est-à-dire une persistance rétinienne qui se produit quand on regarde une source assez intense avant d’être plongé brusquement dans le noir total. Par persistance rétinienne, je ne parle évidemment pas du phénomène qui dure une fraction de seconde et qui est utilisé par le cinéma pour nous faire voir une image continue à partir d’une séquence d’images, mais plutôt d’une image qui reste visible pendant plusieurs dizaines de secondes.

Il faut avouer que c’est un peu étrange car la persistance rétinienne se produit, comme son nom l’indique, au niveau de la rétine de l’oeil et non pas dans le cortex visuel situé à l’arrière du cerveau. Pour s’en rendre compte, on peut regarder fixement un objet d’une certaine couleur pendant environ 30 secondes puis détourner son regard vers un fond blanc où l’on verra une «image fantôme» de l’objet qui possède la couleur complémentaire du stimulus initial. Par exemple, si l’objet était vert, l’image de la persistance sera rouge. Voir ce test en ligne. Le phénomène s’explique par une «fatigue» aux niveaux des cônes de la rétine qui sont sensibles à des paires de couleurs complémentaires.

Mais à la différence du phosphène et de la fixation d’un objet, la persistance des images hypnagogiques ne produit pas de changement de couleur puisqu’elle n’est pas produite par la rétine. Elle reste telle qu’elle est et s’estompe doucement et graduellement. On peut avoir un certain contrôle sur cette atténuation; il m’est arrivé de pouvoir inverser ce processus et d’en augmenter la netteté et le réalisme, mais ce n’est évidemment que temporaire.

Un autre fait remarquable des images hypnagogiques est qu’elles semblent «projetées» sur un écran et qu’elles semblent accompagnées d’une contraction des muscles oculaires afin de faire une mise au point sur l’image comme si elle se trouvait à une distance bien déterminée devant les yeux fermés du rêveur. Ce n’est probablement qu’une illusion créée par le réflexe qu’on développe dans la vision de la vie éveillée, mais il m’est arrivé de faire changer l’angle de convergence et de trouver que l’image était plus nette avec l’angle précédent. Avec ces images, on semble vraiment comprendre ce que signifie la visualisation, qui est issue de différentes traditions et qui décrit un processus de construction d’une image sur un écran mental. Mais c’est une autre question…

Une dernière remarque: même si on parle d’imagerie hypnagogique, il ne s’agit pas toujours d’images fixes. Les images peuvent parfois bouger, assez souvent même, et on peut même faire de courts rêves de quelques secondes avec un petit scénario.

Revenons sur le sujet des rêves lucides. La première étape, et elle peut représenter une difficulté importante, est de prendre conscience qu’on rêve. Mais ensuite beaucoup de rêveurs affirment qu’ils se réveillent au moment où ils réalisent qu’ils sont en train de rêver ou qu’après quelques secondes le rêve redevient «ordinaire». C’est déjà difficile de devenir conscient qu’on rêve et encore plus de rester dans le rêve, et conscient, une fois qu’on a réalisé qu’on rêvait.

Plusieurs techniques existent pour aider le rêveur à rester lucide. On suggère en général de concentrer son attention sur l’environnement général du rêve ou sur une partie du corps comme les mains. Une technique bien connue suggère de tourner sur soi-même afin d’avoir une vue panoramique de l’environnement. Et, bien sûr, la volonté de vouloir rester conscient dans le rêve y est pour beaucoup. Les mêmes techniques peuvent être utilisées quand on s’aperçoit qu’on devient moins conscient, que la lucidité diminue ou que le réalisme du rêve s’estompe.


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