Kinésiologie appliquée: efficace, le test du bras? Mon oeil…

Rédigé par JC le — Publié dans Brèves, Insolite

Le corps possède-t-il une «mémoire cellulaire» intelligente (et «paranormale») capable de déterminer le contenu d’un flacon non identifié, l’efficacité des médicaments et même la meilleure posologie? C’est ce que prétendent des adeptes de la «kinésiologie appliquée», une médecine douce dont les bases ont été jetées en 1964 par le chiropraticien américain Georges Goodheart.

(À ne pas confondre avec la «kinésiologie théorique», une discipline enseignée à l’université qui consiste à étudier le «mouvement humain dans la pratique de l’activité physique», selon Wikipédia)

Toujours est-il que je viens de voir un reportage de Zone Libre portant principalement sur le charlatanisme dans les médecines alternatives («Les ratés des médecines douces», émission du 17 novembre à télécharger du site de la chaîne Radio-Canada) et que j’ai pu y voir une démonstration intéressante sur le «test du bras» (photo SRC), une pratique qui semble assez courante chez les naturopathes.


De quoi s’agit-il? Le patient tient une substance dans sa main gauche (par exemple un médicament) et positionne son bras droit à l’horizontale. Le patient déclare alors à haute voix : «ce produit est bon pour moi», et le «thérapeute» tente de baisser son bras droit. Si le bras reste à l’horizontale, l’affirmation est jugée vraie (donc le produit est bon) et, inversement, le produit est déclaré mauvais si le bras peut être ramené à la verticale. Bref, le corps pourrait deviner le contenu d’un flacon et répondrait par le biais de la tension dans les muscles du bras et de l’épaule. Ça ressemble drôlement à un art divinatoire, ou même à la radiesthésie.

Évidemment, ce type d’affirmation peut être testé. Les reporters ont trouvé une sommité en kinésiologie appliquée : Hedwige Fluckiger, une «psychokinésiologue» qui aurait enseigné ce «test du bras» à des centaines de naturopathes de la belle province. L’expérience commence vers la dixième minute de la seconde partie de la vidéo, qui se charge automatiquement après le premier segment de 23 minutes.

Comme un des deux reporters prend déjà des gouttes contre le glaucome (d’où le titre subtil du billet ;-) ), le test consiste à trouver la substance qui sera «bonne pour lui». Son médicament fait partie des cinq échantillons testés et les quatre autres contiennent quelques gouttes de substances pas très indiquées pour les yeux, par exemple du vinaigre. Bien entendu, tous les flacons sont identiques et ont été numérotés par une troisième personne, la seule qui connaisse la correspondance entre les chiffres et les contenus des échantillons.

Après cinq tests du bras, la sommité en kinésiologie appliquée rend son verdict : c’est le flacon contenant du dissolvant pour vernis à ongles qui est bon pour le reporter. Et – pourquoi s’en priver? – un autre test du bras permet de déterminer la meilleure posologie.

Mouais… C’est vrai que l’expérience a ses défauts mais, personnellement, j’aimerais bien voir un pourcentage de succès très, très près de 100% quand il est question de santé.

Dommage, on ne nous montre pas la tête de la dame quand on lui annonce le résultat du test. Peut-être dans la seconde partie du reportage, qui sera diffusée le vendredi 24 novembre à la télévision (et qui devrait être offerte sur le Web ensuite).


Lire aussi:


41 réponses à “Kinésiologie appliquée: efficace, le test du bras? Mon oeil…”

  1. Dado dit :

    Très drôle ! (et le titre aussi) ;)

  2. Enro dit :

    Il n’en reste pas moins que le bras est resté à l’horizontale avec le dissolvant et non avec les autres flacons… Et là, aucune explication ??!!

  3. JC dit :

    Bonjour Enro,

    D’abord, qu’est-ce qui vous assure que la pression exercée par la dame était la même dans tous les cas? (Je suggère l’utilisation d’un dynamomètre pour mesurer la force exercée sur le bras du sujet.)

  4. eric dit :

    En fait, c’est un truc tout simple. Il s’agit d’un vieux tour de passe passe. Le voici, dans un autre contexte: je prends des smarties (bonbons) et je peux en deviner la couleur sans les voir ni les toucher… l’opération consiste à me toucher (assistant) à un endroit précis en me les déposant dans la main, s’il est rouge, bleu, ou peu importe, de cette façon je sais quoi répondre. Il ne faut pas toujours croire ce que ces montages PUBLICITAIRES nous font voir.

  5. Enro dit :

    JC > C’est possible, en effet…

    Eric > Merci d’avoir suggéré ce « truc », qui marche quand on assiste au phénomène… mais pas quand on est soi-même cobaye et qu’aucune stratégie de ce type n’a été élaborée, ce que j’ai personnellement vécu.

  6. JC dit :

    Bonjour Enro,

    Si ce n’est pas trop indiscret, pourriez-vous nous raconter dans quelles circonstances vous avez fait l’expérience de ce test du bras?

  7. JC dit :

    Bonjour Éric, je comprends votre explication mais il s’agit ici d’une situation totalement différente. Lisez le billet pour vous en convaincre. ;-)

  8. spina dit :

    En réponse à Enro,

    >>Il n’en reste pas moins que le bras est resté à l’horizontale avec le dissolvant et non avec les autres flacons… Et là, aucune explication ??!!

    J’ai une explication très simple : le hasard. :-)

    Si la kinésiologue avait désigné le vinaigre, ta question aurait pu être:  »Il n’en reste pas moins que le bras est resté à l’horizontale avec le vinaigre et non avec les autres flacons… Et là, aucune explication ??!! »

    Et ça n’aurait rien changé!

    Par contre, si l’expérience est réalisée plusieurs fois et qu’à chaque fois il tombe sur le vernis… c’est qu’effectivement il y a autre chose..

  9. spina dit :

    Mais tiens, en parlant de ça, j’ai un doute là… J’ai relu l’article et, je ne sais pas si j’ai mal compris, mais il ne semble pas être mentionné si l’expérience a été renouvelée plusieurs fois (à part la phrase ‘le nombre d’essais est très faible’).

    Est ce le cas?

  10. JC dit :

    Bonjour Spina,

    1) Ce n’est pas gentil, vous me coupez l’herbe sous le pied pour les autres points du test du bras. ;-)

    2) Désolé pour la confusion à propos du nombre de tests. Dans l’émission, on ne dit pas explicitement s’il y en a eu d’autres. J’ai écrit ça en pensant mentionner que si, par hasard disons (ou pas, gardons l’esprit ouvert), la kinésiologue avait trouvé le bon flacon du premier coup (elle avait quand même une chance sur cinq), les journalistes n’auraient certainement pas montré cette séquence dans un reportage qui dénonce les ratés des médecines douces. On se comprend? ;-) Mais, en poursuivant, j’ai décidé de ne pas le dire, et puis j’ai oublié d’enlever cette mention sur le nombre d’essais. Voilà l’histoire, mais je viens de supprimer ça pour plus de clarté. Merci, vous êtes un lecteur attentif. ;-)

    3) Par contre, si l’expérience est réalisée plusieurs fois et qu’à chaque fois il tombe sur le vernis… c’est qu’effectivement il y a autre chose…

    Avec un grand nombre d’essais, on aurait pu se poser la question et peut-être conclure que le patient avait des pulsions d’automutilation. ;-)

  11. spina dit :

    Oups.. désolé d’avoir fait le ‘chieur’… je ne l’ai vraiment pas fait exprès. :-/

    Sinon pour les pulsions d’automutilation.. hum.. maintenant que j’y pense, c’est peut être tout à fait probable, n’oublions pas que l’on parle de journaliste du paranormal…

    ;-)

  12. JC dit :

    Oups.. désolé d’avoir fait le ‘chieur’

    Mais non, je vous taquinais. ;-)

    Sinon pour les pulsions d’automutilation.. hum.. maintenant que j’y pense, c’est peut être tout à fait probable, n’oublions pas que l’on parle de journaliste du paranormal…

    Pourquoi précisez-vous «du paranormal»? (mais non, je plaisante ;-) )

  13. Ava dit :

    Ca me rappelle un test qu’une dame m’a fait faire pour me montrer que l’univers n’entend pas la négation. Cette dame faisait de l’hypnose anti-tabac…
    Elle m’a fait ce test du bras mais dans un contexte différent. En effet, lorsque je disais une phrase négative (genre “je n’aime pas les choux de Brux), elle baissait mon bras sans problèmes. Mais si je disais une phrase positive (J’aime mon chien..), elle ne pouvait pas baisser mon bras.
    D’après elle, la résistance était due au fait que la force universelle ne reconnaît pas le négatif…
    Elle m’a fait faire ce test pour me prouver que par mes crises d’angoisse à une époque où j’avais peur du noir, quand je disais “je ne veux pas…”, le message qui passait était “je veux…”
    Hum… c’est très difficile de résumer ainsi cette drôle de séance et j’imagine que peu de personnes comprennent… je me relis et c’est plutôt capilotracté…
    Bref dans l’ensemble, le message qu’elle voulait me faire passer c’est qu’à focaliser négativement, j’appelais en fait ce qui m’effrayait puisque ma négation n’était pas perceptible dans un contexte de force universelle et/ou spirituelle.
    Non, non j’ai rien fumé! ;0)

  14. Enro dit :

    Je réponds au commentaire de JC un peu tardivement… Je ne me souviens plus exactement des circonstances (enfin si, c’était chez un homéopathe mais il y a une dizaine d’années donc j’ai oublié le pourquoi du comment) mais comme pour Ava, la pression exercée sur mon bras droit semblait toujours la même mais selon le flacon que je tenais dans la main gauche, je pouvais soit résister (situation normale) soit ne pas résister du tout (ce qui fait un drôle d’effet, je vous le dis !!). Et là, l’homéopathe en déduit quelque chose sur la substance du flacon (c’est un bon amalgame pour votre plombage, c’en est un mauvais, vous avez un tempérament x ou y, etc.). Ce n’est pas tant l’interprétation qui m’intéresse que le simple fait que l’on puisse résister ou non à une pression selon que l’on tient un flacon x ou y dans l’autre main, toutes choses (semblant) égales par ailleurs. Et l’exercice marchait à l’identique à chaque répétition !

  15. Orphee dit :

    Mouais… une expérience facilement démontable !
    D’abord je voudrais savoir dans quelle exactitude on peut évaluer une pression sur un bras. J’ai quelques doutes déjà !
    Ensuite la personne qui se porte à ce genre d’expérience a de grandes chances d’être très influençable: en fait, je crois probable qu’il se mette lui-même à l’écoute de ce qu’il « doit » ressentir.

    Suite à l’insistance d’une amie très… « extrasensible », je suis allé à une soi-disant conférence sur les propriétés des aimants.
    Et que ça vous racontait qu’on allait vous remettre les polarisations en place ! Quel rapport ? Comme par hasard, on utilisait le même genre de démonstration ! (« avec un aimant sous les pieds vous pouvez faire plus »)
    Les électrons aiment la nature eux aussi…
    J’allais oublier le principal: sur les six ou sept personnes ayant subi l’aimantation psychologique, seule une ne trouvait aucun changement: moi.

    Comme quoi, si la vérité devait se peser, la masse l’emporterait…

  16. Passionavia dit :

    Ce n’est pas parce que le test a donné des résultats incohérents que le test musculaire est du charlatanisme. Quel a été le protocole, le testé s’est-il fait contrôler avant ses tests pour savoir s’il était en état de switching ? L’expérience a-t-elle commencé par un test neutre ? Plein de questions sans réponse. Depuis 15 ans que je lis presque tout ce qui touche à la kinésiologie, livres, articles… je n’ai jamais entendu parler de Mme Fluckiger !

  17. JC dit :

    Bonjour Passionavia,

    Effectivement, il s’agissait plutôt d’une démonstration que d’un test réel. Mais l’utilisation de ce test est néanmoins troublante car il semble s’apparenter à la divination. Comme vous dites très bien connaître la kinésiologie appliquée, avez-vous des références de recherches rigoureuses sur ce test du bras? Et si ce test peut être utilisé pour obtenir une réaction corporelle telle que décrite dans l’émission, pouvez-vous expliquer quels seraient les principes physiques et biologiques en action? Merci.

  18. ex-calibure dit :

    Bonjour JC,

    À l’intérieur des fibres musculaires, se trouvent des sortes de petits ressorts, les « propriocepteurs ». Ceux-ci informent continuellement notre cerveau sur l’état de contraction ou d’élongation de nos muscles.
    En kinésiologie, tout facteur, extérieur ou intérieur, ne permettant pas l’équilibre (physique, chimique ou émotionnel), est appelé « stress ».
    À chaque confrontation physique entre le corps et l’élément stresseur, le signal proprioceptif est perturbé et ne permet plus l’adaptation musculaire inconsciente à une sollicitation externe (le test musculaire ne sert qu’à cela… créer une interface entre le corps et l’individu dans une situation donnée).
    Rien de magique là-dedans… seulement de la bio-mécanique de base!!!

  19. JC dit :

    Bonjour ex-calibure,

    Merci pour vos précisions sur la biomécanique de base. En gros, vous expliquez le mécanisme qui pourrait faire baisser le bras. Mais vous ne dites rien de la cause et c’est l’élément que je voulais soulever ici… Selon vous, quels seraient les mécanismes pouvant détecter le contenu de flacons non identifiés afin de savoir «ce qui est bon pour le corps»?

  20. ex-calibure dit :

    Bonsoir JC,

    Comme je le disais, tout élément ne permettant pas l’équilibre sur tous les plans génère du stress que le corps va devoir gérer. L’interaction entre l’élément perturbateur et le corps n’est pas forcément palpable, mais n’en est pas moins réel: la gravité par exemple, nous en ressentons les effets sans pouvoir la « toucher », les ambiances quelles qu’elles soient, ont un effet sur nous…
    De la même manière, le corps « sent » quand un aliment, par exemple, est biogénique (bon), biocidique (à éviter un temps) ou biostatique (neutre). Lorsque le corps est mis en relation avec un aliment biocidique, il stresse et les propriocepteurs ne remplissent plus leur rôle. A ce propos, le test musculaire n’est pas une épreuve de force, il vérifie si le muscle sollicité est capable de s’adapter ou non. (La pression est de l’ordre de 20 grammes).
    Je suppose que le « feeling » est quelque chose d’admis pour vous… que pourtant rien de « scientifique » ne peut étayer.
    Cela étant, l’interprétation qui est faite par rapport à un muscle qui ne verrouille pas n’est pas si « binaire » que ça… Il vaut mieux éviter l’eau très froide en cas de colique, mais l’eau, si froide soit-elle, n’est pas « mauvaise » pour autant; elle n’est juste pas appropriée à une période donnée…

  21. JC dit :

    Bonjour ex-calibure et merci pour toutes ces informations complémentaires. Je comprends ce que vous me dites : selon la perspective de la kinésiologie appliquée, le corps peut spontanément reconnaître ce qui est bon pour lui au moment où on l’«interroge» (par exemple par le biais du test du bras). Par contre, dans le cas de flacons qui ne sont pas identifiés, ce qui signifie que le corps ne peut pas en connaître le contenu par les moyens connus (un des cinq sens), comment expliquez-vous la transmission de l’information? Comment le corps sait-il si c’est bon ou pas? Je ne sais pas si vous le réalisez pleinement, mais vous suggérez qu’il s’agit littéralement d’une perception extrasensorielle (même si vous employez le terme «feeling»).

    Excusez-moi d’insister mais vous n’avez pas encore répondu à ma question avec précision.

  22. BlaBla dit :

    Quelle polémique! Qui donc peut affirmer sans réserve détenir la vérité? Et si chacun était libre d’expérimenter par lui-même et de se forger ainsi sa propre opinion? Et si chacun ne voulait pas imposer ses croyances à tous? Ce débat sent fortement la chasse aux sorciers… devrais-je dire aux sourciers… Ce que j’ai expérimenté pour ma part (et je parle bien de moi et de personne d’autre), c’est que mon corps connaît très bien les mécanismes qu’il met en place pour me transmettre un message. A chacun d’écouter ou d’ignorer son corps…

  23. JC dit :

    Bonjour Blabla,

    Avez-vous lu le billet au-dessus des commentaires? Contrairement aux personnes du reportage, je ne prétends pas détenir la vérité mais je questionne les fondements de ce mystérieux test du bras qui se fonde sur une hypothétique perception extrasensorielle d’un corps capable de savoir ce qui est bon pour lui.

    Je n’impose rien non plus, vous pouvez croire ce que vous voulez si ça vous s’amuse mais je suis libre d’exprimer mon point de vue dans mon blog. D’autant plus que ce point de vue est basé sur la logique et des connaissances bien établies. Sur quels principes se base le test du bras montré dans le reportage? Je vais vous le dire : des capacités non prouvées. Vous ne trouvez pas cela inquiétant que des capacités non prouvées soient utilisées quand votre santé est en jeu? Que diriez-vous d’un médecin qui établirait un diagnostic ou une posologie en tirant les tarots?

    Chacun a droit à son opinion, effectivement, mais quand il est question de santé publique et de pratiques dont l’efficacité (ou l’inefficacité) peut être facilement testée, les enjeux sont différents.

    Concernant l’expérimentation personnelle, elle a des limites qui sont imposées par plusieurs facteurs que des recherches scientifiques avec une méthodologie rigoureuse peuvent éviter. Désolé de vous l’annoncer aussi sèchement, mais vos conclusions basées sur vos expériences personnelles sont potentiellement biaisées.

  24. BlaBla dit :

    Vous l’avez dit JC: Liberté! Merci pour votre point de vue. Dans l’univers, tout est mouvement… Bonne route… Georges

  25. Patrick Wauquier dit :

    Toute cette polémique vient du fait que le test musculaire est utilisé de manière binaire (C’dst bon/pas bon, c’est oui ou non, etc.). En fait, comme l’a dit ex-calibure, le véritable enjeu du test musculaire est : y a-t-il un stress ou non ? Un bras tendu peut simplement signifier que le muscle est bloqué et non plus tonique (il faut en pincer le ventre -du muscle- pour vérifier qu’il répond encore ou non). Le muscle bloqué ou le muscle affabli sont les deux types de stress musculaire. Il suffit alors de prendre ce stress en compte, et de le dissoudre. La kinésiologie n’est pas une science exacte parce qu’elle n’est pas reproductible: deux kinésiologues différents auront des réponses différentes. cela n’enlève rien aux qualités de la kinésiologie. Ce n’est pas un art divinatoire, c’est un outil de libération du stress. Alors il faut arrêter de chercher le meilleur flacon, ou la martingale, car cela ne marche pas.